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MUSIQUE & SONS

THE WHO

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The Who est un groupe de rock britannique créé à Londres en 1964. Dans sa forme la plus connue et la plus durable, il est composé du chanteur Roger Daltrey, du guitariste Pete Townshend, du bassiste John Entwistle et du batteur Keith Moon.

Pratiquant au départ un rock 'n' roll explosif, désigné sous le terme de « maximum R&B » et précurseur (après les Kinks de la première période) du mouvement punk, le groupe connut de nombreux autres styles conformément à l'air du temps : concept album (The Who Sell Out), psychédélique aux paroles décalées (A Quick One While He's Away), opéra-rock (Tommy, Quadrophenia), boucles de synthétiseurs (Who's Next). Devenus l'un des symboles des années 1960, les Who ont influencé la musique rock dans son ensemble ; on leur doit des chansons mythiques comme My Generation, Substitute, Behind Blue Eyes, Baba O'Riley et Won't Get Fooled Again et de nombreux albums consacrés par le public. C'est l'un des groupes de rock britannique des années 1960 et 70 les plus importants avec The Beatles, The Rolling Stones, Led Zeppelin et The Kinks.

Durant les douze premières années de leur carrière discographique — de 1965 à 1978 —, ils ont publié neuf albums et près d'une quinzaine de singles originaux, jusqu'à la mort du batteur Keith Moon. Après le décès de Moon, le groupe publie encore deux albums avec le batteur Kenney Jones avant de se séparer en 1983. Les Who se réunissent à la fin des années 1980, puis en 1996 pour ne plus se séparer, malgré la mort du bassiste John Entwistle en 2002. Dès lors, Pete Townshend et Roger Daltrey continuent en duo, accompagnés de musiciens comme Pino Palladino (basse) et Zak Starkey (batterie).


  • Le logo du groupe The Who

Histoire du groupe

1961 à 1964 : la formation et les débuts

La préhistoire des Who commence en 1961, lorsque Pete Townshend entre au collège d'art d'Ealing, où il crée avec son ami John Entwistle un groupe de jazz dixieland, The Confederates. Pete y tient le banjo, dont il joue, en plus de la guitare, depuis l'âge de douze ans, tandis que John, plus éduqué musicalement, joue du cor d'harmonie. Ils jouent tous les deux par la suite dans The Aristocrats et dans The Scorpions. John Entwistle qui est à l'époque en train de se fabriquer une basse, est approché par un ancien camarade de classe Roger Daltrey, étudiant et ouvrier métallurgiste, qui l'invite à rejoindre son groupe de Skiffle, The Detours, dont il est le guitariste solo. Alors que le groupe cherche un guitariste rythmique, Entwistle propose son ami Pete Townshend qui est engagé. Le groupe compte trois autres membres : Gabby Connolly, chanteur occasionnel de country ; Colin Dawson, vocaliste dans la veine de Cliff Richard ; et Doug Sandom, batteur.

Un soir, le jeune groupe fait la première partie de Johnny Kidd and the Pirates. Ce dernier combo est formé d'un power trio associé à un chanteur. The Detours prend le parti d'opter pour la même formation. Daltrey devient seul chanteur après l'éviction de Connolly et de Dawson. Pour compenser l'absence d'une guitare, Entwistle commence à jouer certaines parties de guitare solo sur sa basse. Pete Townshend commence déjà à l'époque à expérimenter certaines techniques à la guitare notamment le larsen. Au bout d'un certain temps, Doug Sandom quitte le groupe à son tour (il est âgé de trente-cinq ans alors que ses acolytes n'ont pas encore atteint la vingtaine).

Alors que la musique pop est en pleine ébullition en Angleterre avec la Beatlemania, le groupe décide de changer de nom. La raison de ce changement de nom provient du fait que John Enstwisle avait entendu parler d'un groupe américain appelé The Detours et qui venait de sortir un disque. Alors que Pete Townshend pense à The Hair, c'est finalement The Who, trouvé par Richard Barnes, un ami de Pete, qui est retenu. Les futurs Who se consacrent au rhythm and blues. Ils sont ensuite rejoints en avril 1964 par le batteur Keith Moon, qui est alors âgé de 17 ans. Pete Townshend a raconté la façon dont Keith Moon a rejoint les Who :

« Il est venu à un de nos concerts, et a dit : « je peux jouer mieux que votre batteur ! » Il s'installa alors derrière la batterie et la détruisit presque complètement. Nous nous sommes tout de suite dit : « C'est l'homme qu'il nous faut ! ».

Il semblerait cependant que cette histoire soit une légende et que plus « sagement », Keith Moon, à l'époque batteur du groupe The Beachcombers, aurait simplement auditionné pour le groupe qui était à la recherche d'un batteur après une mauvaise prestation lors d'une audition. L'arrivée de Keith Moon, véritable showman à la batterie par son jeu très expansif, pousse les autres membres du groupe, particulièrement Pete et Roger à adopter un jeu de scène plus théâtral afin de ne pas se faire voler la vedette. Dès leurs débuts, les Who s'illustrent comme le groupe qui joue le plus fort et qui est l'un des plus excitants sur scène. Vers avril 1964, le groupe se rebaptise The High Numbers sous l'influence du manager Peter Meaden qui eut l'idée de les associer au mouvement Mods (High Numbers signifie approximativement "classieux" ou "stylé" dans l'argot mod). On y trouvait Pete Townshend à la guitare, Roger Daltrey au chant, John Entwistle à la basse, et enfin Keith Moon à la batterie.


  • Un album du groupe the Who

Peter Meaden leur fait enregistrer leur premier 45 tours, I'm The Face (en) / Zoot suit. Les chansons ont été écrites par Peter Meaden lui-même et les paroles caricaturales, parlent de certains thèmes chers aux mods. Inspirés de deux titres du label American Soul records (Zoot Suit est copié de Misery de The Dynamics et I'm The Face de Got Love If You Want It de Slim Harpo), Ces deux chansons sont assez éloignées de ce que vont faire les Who plus tard et le riff jazzy de Zoot Suit a peu à voir avec le style de Pete Townshend, ce qui laisse penser que ces titres ont été probablement enregistrés avec l'aide de musiciens de studio. Le 45 tours n'arrive cependant pas à percer dans les charts.

Vers octobre 1964, deux cinéastes, Kit Lambert et Chris Stamp qui faisaient la tournée des bars où se produisaient de petits groupes pour pouvoir les inclure dans le film qu'ils voulaient réaliser, voient les High Numbers au cours d'un de leur concert au Railway Hotel. Ils voulaient faire un film sur un groupe en difficulté et n'arrivant pas à s'en sortir et commencèrent à tourner le soir même. Rapidement, Lambert et Stamp remplacent Peter Meaden au poste de manager et le groupe reprend le nom de The Who. C'est à peu près à cette époque vers septembre 1964, lors d'un de ces concerts au Railway Hotel, que Pete Townshend brise pour la première fois sa guitare sur scène. Il s'agissait à l'origine d'un accident : la guitare s'était cassée contre le plafond très bas de la pièce et énervé, Pete aurait achevé de la détruire. Ce geste loin de provoquer la colère du public, provoqua une certaine excitation et lors d'un prochain concert dans le même lieu, la foule voulait que Pete brise de nouveau sa guitare. La destruction de guitares deviendra bientôt un rituel sur scène, encouragé par Lambert et Stamp et, peu à peu, Keith Moon imitera Townshend dans le jeu en démolissant sa batterie.

Conscients que le manque de compositions originales les bloquent lors des auditions, Lambert et Stamp poussent Pete Townshend (étudiant en art et qui avait déjà écrit deux chansons à l'époque des Detours) à composer des chansons pour le groupe. C'est à partir de là que Pete commence à réaliser des démos qu'il enregistre seul chez lui, jouant de tous les instruments et soumettant ensuite le résultat au groupe. Pete compose alors Call Me Lightning et I Can't Explain.

I Can't Explain est proposé au producteur des Kinks, Shel Talmy parce qu'il est proche musicalement de You Really Got Me des Kinks, numéro 1 en Angleterre en août 1964. En novembre de la même année, le titre est enregistré au studio IBC (ou peut-être au Pye Studio selon Shel Talmy). À partir de là, le groupe entame une série de concerts au Marquee Club afin de promouvoir leur single. C'est à cette époque que Richard Barnes réalise les affiches promotionnelles des Who, avec l'image en noir et blanc de Pete Townshend faisant un "windmill" avec sa guitare et l'inscription "Maximum R&B".


  • Un album du groupe the Who


1965 à 1968 : un groupe à singles

En 1965, les Who décrochent leur premier hit avec I Can't Explain, une chanson à propos de la difficulté de communiquer de Townshend. Le guitariste a écrit cette chanson, dans un style proche des compositions qu'enregistrent les Kinks, dans l'espoir de convaincre leur producteur, Shel Talmy. Le titre plaît à Talmy, qui les fait signer avec sa maison de production. Sorti en janvier 1965, le disque ne marche pas jusqu'à ce que le groupe fasse une apparition dans le show télévisé Ready Steady Go!, émission qui aide à lancer les Who ; ils lui rendent hommage en 1966 à travers leur EP Ready Steady Who! (en)[11]. En avril 1965, I Can't Explain atteint la 8e place des charts anglais. Après ce premier succès, les Who sortent en mai 1965 Anyway, Anyhow, Anywhere, morceau qui est le seul du répertoire des Who à avoir été composé par Daltrey et Townshend et qui se classe à la 10e place des charts. Le morceau attire l'attention par le fait que le solo est joué avec un effet larsen. Si ce n'est pas la première chanson contenant un larsen (I Feel Fine des Beatles l'a précédé de quelques mois), il s'agit néanmoins du premier solo réalisé de cette façon.

En octobre 1965, les Who sortent My Generation qui a tout de suite un fort impact commercial et culturel et qui deviendra l'un des morceaux les plus importants du groupe. La chanson fera figure d'hymne de la rébellion adolescente et de la jeunesse anglaise, notamment avec le couplet "Hope I die b'fore I get old" ("J'espère mourir avant d'être vieux"). Par son nihilisme et son orchestration, certains le considèrent comme l'une des premières chansons punk. La chanson attire aussi l'attention par certaines particularités comme l'utilisation du stutter (forme de chant basé sur le bégaiement), le recours au feedback (déjà présent sur le single précédent) et surtout des solos de basse d'une grande virtuosité, qui sont parmi les premiers enregistrés à l'époque dans un album de rock. Deux mois plus tard, sort produit par Shel Talmy, My Generation, le premier album du groupe qui contient de nombreux singles, dont le morceau éponyme.

Malgré le succès des productions de Shel Talmy (I Can't Explain, Anyway, Anyhow, Anywhere et My Generation), les managers du groupe, Kit Lambert et Chris Stamp, jugent que le contrat liant les Who à Talmy est trop peu avantageux et ne parvient pas à les faire connaître aux États-Unis. Ils s'en délient et signent chez Reaction Records, une branche du groupe Polydor en janvier 1966. Après un procès engagé et gagné par Talmy, le groupe lui versera des royalties jusqu'à la sortie de Tommy en 1969.

Les titres tous composés par Pete Townshend, lui donnent un rôle central dans le groupe. La plume de Pete Townshend détonne à une époque ou beaucoup de groupes ne chantent que des chansons d'amour parce qu'elle est plus introspective et traite des préoccupations des adolescents et de sujets complexes comme la crise identitaire (Substitute), l'homosexualité (I'm a Boy), la masturbation (Pictures of Lily) ou la difficulté de communiquer (I Can't Explain). Entre 1965 et 1968, il compose de nombreux singles qui se classent bien dans les charts tels que Substitute, The Kids Are Alright, I'm a Boy, Happy Jack en 1966 et Pictures of Lily en 1967. Parfois, certains morceaux sont censurés comme Substitute qui est censuré à la radio à cause de passages comme « I look all white but my dad was black » (« j'ai l'air tout blanc mais mon père était noir ». Aux États-Unis, Townshend doit remplacer ce vers par « I try to move forward but my feet back (« j'essaye d'avancer mais mes pieds reculent »).

En parallèle, les Who tournent beaucoup. À part quelques dates au Danemark et en Suède, le groupe tourne surtout en Grande-Bretagne en 1965 et 1966. En 1967, les Who commencent à jouer partout en Europe et font leur première tournée aux États-Unis. Ils participent notamment au Festival international de musique pop de Monterey le 18 juin 1967, s'illustrant notamment en détruisant tout leur matériel sur scène. Leur prestation va leur permettre d'asseoir leur réputation outre-Atlantique. Quelques mois plus tard, ils se font remarquer lors de l'émission télévisée américaine The Smothers Brothers en faisant exploser leur batterie et en détruisant une guitare. C'est à l'occasion de cette tournée que le groupe s'illustre en saccageant les hôtels où ils sont logés, explosant les toilettes à la dynamite et coulant même une limousine dans la piscine d'un hôtel Holiday Inn, ce qui leur vaudra d'y être bannis à vie.

Malgré tous les succès, en interne, il existe de nombreux problèmes au sein des Who. La destruction de guitares ainsi que les frasques dans les hôtels coûtent chers au groupe qui perd de l'argent aussi vite qu'il en gagne. De plus, les tensions sont nombreuses entre les membres du groupe, particulièrement entre Pete et Roger dont les caractères sont très opposés. Roger Daltrey sera même, un court instant, viré du groupe en raison de sa propension à jouer des poings en cas de désaccord avec lui. Lors d'une tournée au Danemark, en septembre 1965, excédé par la propension du groupe à abuser des drogues, il jette aux toilettes les amphétamines de Keith Moon après l'avoir frappé d'un coup de poing. Daltrey reviendra assez rapidement dans le groupe non sans avoir accepté de ravaler sa fierté et d'éviter de jouer du poing trop facilement.

En 1967 sort le single I Can See for Miles sur lequel Pete Townshend nourrit beaucoup d'ambitions et voit le probable numéro 1 qu'ils n'ont toujours pas réussi à décrocher. Le single n'obtiendra que la 10e place des charts anglais et la 9e place des charts américains (leur meilleure classement à l'époque), ce qui fera perdre au guitariste sa confiance en ses capacités à écrire des singles. C'est à partir de cette époque, qu'il décide d'écrire un opéra-rock. Le single sera introduit dans le troisième album des Who, The Who Sell Out. Néanmoins, ce ne sera pas le dernier single des Who : en 1968 sort le très populaire Magic Bus, single écrit deux ans plus tôt.



  • Un album du groupe the Who

1969 à 1973 : les opéras-rock

Cela fait quelques années que Townshend veut aller plus loin. À l'image des Beatles, il veut expérimenter davantage dans sa musique tout en cherchant à assurer aux albums une certaine forme de cohérence interne. En 1966, le groupe avait sorti l'album A Quick One dont la chanson éponyme comportait plusieurs parties distinctes, dans une manière qui annonçait déjà le style « mini-opéra rock ». Paul McCartney en sera influencé pour Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. La chanson sera interprétée au Festival international de musique pop de Monterey en 1967 et au Rock and Roll Circus. En 1967, les Who avaient aussi enregistré un concept-album, The Who Sell Out (« Les Who liquident le stock ») qui se présentait sous la forme d'une émission de radio, avec jingles et publicités parodiques composées et interprétées par le groupe.

En septembre 1968, Pete Townshend donne une interview au magazine Rolling Stone, annonçant son intention de sortir un véritable opéra-rock. Il tient parole l'année suivante avec Tommy, qui, s'il n'est pas le premier — cet honneur revient aux Pretty Things avec S.F. Sorrow —, reste l'opéra-rock le plus célèbre à ce jour. Métaphore des difficultés de l'enfance de Townshend, Tommy raconte l'histoire d'un jeune enfant sourd, muet et aveugle à cause d'un secret qu'il ne doit avouer à personne et qui multiplie les expériences pour retrouver ses sens. Il devient champion de flipper et puis, une sorte de Messie une fois ses sens retrouvés. Bourrés d'allégories et de métaphores parfois obscures, l'histoire en elle-même est assez confuse et l'intrigue manque de certains détails d'explication. John Entwistle lui-même avouera plus tard n'avoir rien compris à l'histoire avant le film de Ken Russell en 1975[24] (et encore, le film présentait une version différente de l'album). À sa sortie en mai 1969, les critiques sont partagées entre ceux qui voient en cet album un chef-d'œuvre majeur et ceux qui trouvent l'histoire trop malsaine[24]. L'album, du fait de certaines références sexuelles malsaines (l'oncle qui abuse de Tommy), sera banni un temps de la BBC et de certaines stations radio. Néanmoins, grâce à ses hits comme Pinball Wizard, Amazing Journey ou See Me, Feel Me, l'album-concept connaît un énorme succès à travers le monde et change le statut du groupe, qui passe de "groupe à singles" à celui de "groupe d'albums". Pendant deux ans, les Who vont présenter leur chef-d'œuvre sur scène. Parmi les concerts où Tommy est joué, il y a le festival de Woodstock en 1969 et ceux de l'Ile de Wight de 1969 et 1970. Ces performances scéniques poussent les Who à graver sur vinyle leur intensité sur scène et c'est ainsi qu'ils enregistrent Live at Leeds en 1970, considéré comme l'un des meilleurs albums live de l'histoire du rock. En avril 1970, les Who présentent Tommy dans sa totalité sur scène au New York Metropolitan Opera House. La version théâtrale de l'œuvre, lancée par Lou Reizner (en), est jouée en décembre 1971 au Rainbow Theatre de Londres. Une version légèrement différente de ces concerts, enregistrée avec la participation de Ringo Starr, Peter Sellers et l'orchestre symphonique de Londres, sort chez Ode Records (en) en 1972. Le succès de Tommy pousse désormais Pete Townshend vers des projets plus ambitieux.

C'est dans cette perspective que Pete Townshend écrit et compose la chanson Pure and Easy, qui doit être le « pivot central » du nouveau projet des Who : Lifehouse, un concept assez obscur d'« album-concert-show radiophonique » basé sur une collaboration active entre les Who et leur public. L'histoire est située dans un avenir où seul le rock peut sauver le monde. Mais le concept est trop ambitieux et échoue à mi-chemin. Les Who ont néanmoins enregistré suffisamment de morceaux pour sortir un album, Who's Next, qui remporte un énorme succès. Fondé en grande partie sur l'utilisation de la dernière invention en date en matière d'instruments de musique, le synthétiseur, Who's Next est le premier album rock à contenir des pistes électroniques préprogrammées qui, contre toute attente, s'intègrent parfaitement bien à la musique des Who. On y retrouve les tubes Baba O'Riley, Behind Blue Eyes et Won't Get Fooled Again. Cet album surpasse Tommy en succès et, de l'avis de la critique, en richesse et inventivité.

Entre 1971 et 1973, les Who ralentissent un peu leur nombre de productions et de prestations. Pour la première fois depuis 1967, ils ne font pas de tournée aux États-Unis en 1972. Les membres du groupe en profitent pour réaliser leurs projets solo. John Entwistle sort deux albums solo, " Smash Your Head Against the Wall " en 1971 et " Whistle Rymes " en 1972 tandis que Pete Townshend et Roger Daltrey sortent chacun le leur, " Who came first " en 1972 pour le premier et " Daltrey " en 1973 pour le second.

En 1973, le groupe se retrouve pour réaliser Quadrophenia, un nouvel opéra-rock. Ce double album raconte les tribulations d'un jeune Mod, Jimmy, souffrant d'un quadruplement de personnalité (d'où le titre). Chacune de ses personnalités correspond à un membre du groupe et à un thème musical. L'histoire de Jimmy s'inscrit dans le cadre des tensions entre mods et rockers dans l'Angleterre du début des années 1960. Si son succès commercial est inférieur à celui de Tommy, l'album est pourtant plus riche musicalement, avec des claviers et des guitares qui s'interpénètrent parfaitement selon de nombreux critiques.

La même année, des mésententes sérieuses entre Pete Townshend, Kit Lambert et Chris Stamp entraînent le remplacement des deux managers par leur assistant, Bill Curbishley.



  • Un album du groupe the Who

1974-1982 : l'errance

À partir de 1973, les Who connaissent de nombreux problèmes dans leur vie privée et professionnelle. La parution de Quadrophenia a provoqué de vives tensions entre Roger Daltrey et Pete Townshend (qui s'est traduit notamment par un KO infligé par le chanteur sur le guitariste). La tournée de 1973 est perturbée par des problèmes techniques et les boucles de synthétiseur enregistrées pour la scène se dérèglent souvent. De plus, Keith Moon qui vient de se séparer de sa femme après plusieurs années de mariage tumultueux, sombre de plus en plus dans un rythme de vie chaotique où se mêlent alcool et drogues. Lors d'un concert au Cow Palace à Daly City lors de la première date de la tournée américaine en septembre 1973, Moon s'écroule même sur scène après avoir pris du PCP et le groupe est contraint de demander à une personne du public (un certain Scot Halpin) de le remplacer pour le reste du show. Mais la situation n'est guère mieux pour John Entwistle et Pete Townshend qui eux-aussi souffrent de gros problèmes d'alcoolisme.

Après Odds and Sods sorti en 1974, une compilation de faces B choisies par John Enstwisle, comme indiqué par lui-même dans la pochette de l'album, les Who travaillent avec Ken Russell sur l'adaptation filmée de Tommy qui sort en 1975 avec entre autres Roger Daltrey, Elton John, Tina Turner et Eric Clapton. Les Who enregistrent en 1975 un nouvel album, The Who by Numbers. Sans le moindre synthétiseur, ce disque est considéré comme le plus « sombre » et le plus personnel de Pete Townshend. Selon les mots d'un journaliste, Townshend, alors en pleine dépression, malmené par sa consommation de drogues et d'alcool, livre avec ce disque une véritable « lettre de suicide ». Peu apprécié de la critique, il se classe tout de même 7e dans les meilleures ventes d'albums au Royaume-Uni[29]. La sortie de l'album est l'occasion d'une grande tournée qui commence le 4 octobre 1975 et finit le 21 octobre 1976 à Toronto, ce sera le dernier concert public des Who avec Keith Moon.

En 1977, alors que la vague punk déferle sur l'Angleterre, les Who tentent de revenir sur le devant de la scène. Un concert filmé est organisé à Kilburn et aux studios Shepperton pour être intégré dans un documentaire intitulé The Kids Are Alright. Keith Moon qui vit une vie de dépravé en Californie où il s'est exilé pour raisons fiscales, a considérablement pris du poids et a des difficultés à tenir son rôle de batteur. La performance à Kilburn n'est dès lors pas très bonne et le groupe est contraint de rejouer aux studios Shepperton. Malgré l'échec de The Who by Numbers, les Who rejoignent le studio en 1978 pour enregistrer Who Are You, album plutôt expérimental comprenant autant de claviers que de guitares. Mais les Who sont coupés net dans leur élan par la mort subite de Keith Moon, le 7 septembre 1978, d'une surdose du médicament qu'il prenait pour traiter son alcoolisme. Étrangement, sur la pochette de cet album, on voit les membres du groupe et, entre autres Keith Moon assis à califourchon sur une chaise sur le dossier de laquelle est inscrit " Not to be taken away " ( Ne pas enlever) ! Vingt-quatre heures après la mort de Keith Moon, Pete Townshend annonce cependant que les Who continueront avec un nouveau batteur. En 1979, les Who repartent en tournée avec l'ex-batteur des Faces, Kenney Jones ainsi qu'un clavier John Bundrick et une section de cuivres, destinées notamment à alléger le volume sonore des concerts habituels des Who, devenus trop forts pour les oreilles de Pete Townshend, malmenées par des années de performances à plein volume. Cette tournée est marquée par la mort de 11 personnes, écrasées et asphyxiées après l'ouverture des portes d'un concert à Cincinnati. En 1979 sort un documentaire sur eux, The Kids Are Alright, dont la bande sonore est plus tard disponible sur disque, et ils produisent la même année une version filmée de Quadrophenia, dans laquelle figure notamment le chanteur Sting. Contrairement à Tommy où les acteurs chantent, et où les musiciens eux-mêmes jouent certains morceaux, ce film utilise des dialogues traditionnels, et reprend l'album pour sa bande originale (avec quelques titres inédits).

En 1981 sort Face Dances, suivi l'année suivante par It's Hard, avec la chanson " Eminence Front " dans le plus pur style " Won't get fooled again " et " Baba O'Riely " à cause de l'utilisation des claviers et du synthétiseur Arp 2600. Ces deux albums au son très pop sont bien accueillis par la presse et par MTV, mais moins par le public qui les boude. Townshend qui se sent de plus en plus mal à l'aise au sein du groupe, qui prend de plus en plus de drogues et qui s'est séparé de sa femme finit par craquer et dissoudre les Who en 1982. Le groupe fait une dernière tournée avant de voir partir ses membres chacun de leur côté.


Depuis 1983 : réunions plus ou moins ponctuelles

Pendant près de vingt-cinq ans, les Who ne sortent aucun album studio. Chacun se consacre d'abord à sa carrière solo, dont celle de Pete Townshend se révèle la plus ambitieuse. Le leader guitariste est ainsi le seul à reprendre sur scène avec le groupe quelques titres issus de ses propres disques.

Le 27 juin 2002, John Entwistle meurt suite à une surdose de cocaïne.

En 2006 et bien que Pete Townshend ait annoncé qu'« il n'y a pas une chance sur un million que les Who refassent un album studio », un nouvel album studio est enregistré, baptisé Endless Wire. Il comprend entre autres un mini-opéra de onze minutes. Il est largement salué par la critique. Bien que plus introspectif et apaisé que leurs œuvres passées, ce disque très attendu motive avant même sa sortie une gigantesque tournée saluée comme le retour au son des années Who's Next.

À l'initiative de Roger Daltrey, un projet de film racontant la vie de Keith Moon ne se concrétisera pas.



  • Un album du groupe the Who

Empreinte idéologique et spirituelle

Pete Townshend était d'un naturel timide et colérique. Il fut le porte-parole de la jeunesse révoltée du milieu des années 1960. Keith Moon a déclaré : « Être en colère dans le monde des adultes n'est pas donné à tout le monde. Pas à moi, ni à John [Entwistle]. Seulement à moitié pour Roger [Daltrey] mais entièrement pour Pete [Townshend]. » Le guru de Townshend, Meher Baba, se fait de plus en plus influent sur lui à partir de Tommy, à qui il est dédié. Townshend est alors en quête de spiritualité. Il n'est d'ailleurs pas rare, à cette époque, de retrouver Pete Townshend dans des émissions religieuses à la télévision. En 1970, dans le magazine Rolling Stone, il écrit même un article sur son mentor, In Love With Meher Baba. Meher Baba est, avec Inayat Khan, mystique soufi musicien, une des sources d'inspiration du projet Lifehouse.


En concert

Caractéristiques scéniques

Roger Daltrey a expliqué que sur scène était né un concours entre les musiciens ; gagnerait celui qui se ferait le plus remarquer, d'où leur énergie et leur jeu de scène exceptionnel[39]. Le chanteur, avec sa voix puissante, est souvent vêtu lors des concerts (surtout vers 1970) d'une veste à franges ouverte laissant apparaître son torse musclé. Son jeu consiste à lancer son microphone en l'air et à le faire tournoyer pour le rattraper au dernier moment.

Pete Townshend, pourtant très timide hors de la scène, rentre dans ses concerts dans ce qu'il décrit lui-même comme un état second, bondissant avec sa guitare à travers le plateau, fracassant sa guitare au sol et sur les amplis à la fin des concerts et n'hésitant pas à agresser à coups d'instrument tout imprudent qui tenterait d'interrompre le spectacle (Abbie Hoffman en fait les frais lors du festival de Woodstock). Townshend se fait connaître pour son style scénique excentrique, introduisant souvent dans les morceaux joués des solos assourdissants, balançant sa guitare dans la foule et faisant de grands moulinets de son bras droit (technique dite du « windmill », en français le « moulin à vent »). On ne sait pas vraiment qui a inventé cette technique de jeu des accords. En 1963, alors que The Detours font la première partie des Rolling Stones, Pete dit avoir alors vu Keith Richards balancer son bras au-dessus de la guitare. S'en inspirant, il développe et adopte le « windmill ». Le jeu de Pete Townshend n'est pas réellement d'une haute technicité, notamment dans les solos où il reste en dessous de certains guitaristes de l'époque comme Jimi Hendrix ou Jimmy Page, par contre son utilisation très personnelle du jeu en power chords qu'il alterne souvent à un jeu en arpège en fait un guitariste très intéressant au point de vue rythmique, faisant preuve d'une énergie et d'une puissance peu commune.

Le son des Who en concert est particulièrement puissant : en 1976, un concert au Charlton Athletic Football Ground est homologué par le livre Guinness des records comme le plus « fort » concert de tous les temps (126 décibels SPL, soit 6 décibels de plus que le seuil de la douleur pour l'oreille humaine et autant de bruit qu'un avion au décollage à 300 mètres). Le groupe conserve ce titre pendant près de dix ans.

Le jeu du batteur Keith Moon est également peu conventionnel. En tapant violemment sur ses fûts, en multipliant les breaks, ses batteries survivent rarement à un concert, et doivent souvent être arrimées au sol pour ne pas se déplacer sous ses coups. Sur la plupart des morceaux des Who de la grande époque, Keith Moon semble faire un solo constant. Pour une émission de télévision, il installe dans sa batterie des explosifs qu'il fit exploser à la fin de My Generation, ce qui, selon la légende, laisse à son partenaire Pete Townshend un trouble auditif permanent. Son attitude sur scène lui vaut le surnom de « Moon the Loon » (traduction approximative : « Moon le barjot »).

Par contraste, John Entwistle développe un jeu de doigts très rapide (on le surnomme à ce titre « Thunderfingers ») et reste absolument immobile et impassible sur scène. Il ne se contente pas de doubler à l'octave le jeu du guitariste, mais sa ligne de basse totalement libre pouvait s'apparenter au jeu d'un deuxième guitariste tant il joue solo. Par ailleurs, le mur de son qu'il crée permettait de faire tenir debout tout le groupe en concert, tout l'édifice musical, lorsque Keith Moon ou Pete Townshend, ensemble ou séparément, partent littéralement « en vrille ». Il est le contre-point parfait de Pete Townshend, jouant même en lead quand le guitariste est en accords. John Entwistle a énormément fait évoluer le rôle du bassiste dans un groupe de rock. Il est aujourd'hui l'influence de beaucoup de bassistes rock et est considéré comme le plus grand bassiste de tous les temps dans son domaine. Il a par ailleurs été élu « bassiste du millénaire ».


  • Un album du groupe the Who

Discographie sélective

  • 1965 : My Generation
  • 1966 : A Quick One
  • 1967 : The Who Sell Out
  • 1969 : Tommy
  • 1971 : Who's Next
  • 1973 : Quadrophenia
  • 1975 : The Who by Numbers
  • 1978 : Who Are You
  • 1981 : Face Dances
  • 1982 : It's Hard
  • 2006 : Endless Wire


  • Un album du groupe the Who


  • Un album du groupe the Who

The Who - Pinball Wizard (1975)

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