CULTURE - La peinture de Jérome Bosch
|
Le portement de croix (détail)
|
On peut considérer Jérôme Bosch comme un peintre primitif aussi bien que progressiste
dans la hardiesse de son inventivité. Il est toutefois bien un homme du XV° siècle par
sa technique et son répertoire. A travers les âges, il a été de nombreuses fois copié
et pour éviter de confondre ses créations avec celles d'imitateurs, il suffit
d'observer son dessin et son caractéristique trait conçis et aigu.
Considérer comme primitif, même dans le cercle de ses contemporains, Bosch travaille
exactement comme un sculpteur ou un médailleur et les formes vues de profil sont quasiment transparentes,
alors que les corps sont aplatis à la surface du tableau. Son observation pénétrante de la
nature et un modèle très poussé ne se retrouve pourtant pas dans ses tableaux. Néanmoins, c'est
une ligne rapide pointant droit au but que se dessine son œuvre avec une légéreté irréelle. Le sujet
plutôt que la forme, le contenu plutôt que le style, voici ce que peut retenir l'historien devant le
travail de Jérôme Bosch, alors que l'on fini par ne plus distinguer les tableaux originaux et les copies
et autres imitations. On ne se préoccupe peu de la manière et on admire l'invention, mais face à
l'analyse stylistique, tout reste à faire.
|
Membres malingres, visages décharnés, épines, branchages piquants, Tout cela attire, Bosch où
des formes destructurés, cassantes et accérées révèle une vie inquiétante. Mais le rendu final offre
un coloris froid et harmonieux d'un éclat transparent et opalin en particulier sur les parties claires,
permettant de rehausser le charme décoratif plus qu'augmenter le sentiment du réél. D'ailleurs, les formes
essentielles des figures humaines, souple et gracile ont étés dessinées d'une main ferme, mais il ne
faut pas s'attendre à trouver un grand respect de la nature chez un peintre qui marche sur les
brisées du créateur.
Défiant les lois de la nature, l'imagination de Jérôme Bosch, se moque de la distinction entre l'homme et
bête. Ses formes monstrueuses et bâtardes semblent s'incarner ici avec de la superstition populaire et la
terreur de l'enfer et encore là, il réussit pourtant à préter un certain degré de réalité à l'apparence
des formes les plus absurdes. Ses personnages souvent d'une laideur épouvantable laissent voir en général
une finesse d'esprit maladive et le plaisir de la dissimulation. Quelle qu'en soit notre interprétation, Bosh fait reposer
surtout son originalité digne d'un grand artiste pour qui la forme et l'esprit restent indissolubles, car
au moment où son imagination conçoit une idée, elle en conçoit simultanément une image. Pour cette
raison, l'étude de la forme nous fait comprendre le monde de ses idées et la compréhension de sa
vie spirituelle, nous renseigne sur son style.
|
Triptyques du jardin des délices (détail)
|
|
|