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LE COMPACT DISC INTERACTIF DE PHILIPS Rapport d'activité Mai / Janvier 1992 Introduction 1)La stratégie CD-I de Philips Une politique à l'interne Internationnal Creative Digital Image "Débauche !" 2)Les disques CD-I Le Full Motion Vidéo (FMV) 3)Des contraintes sur l'édition 4)La technique des lecteurs 5)Les outils de développement d'un titre CD-I Interactive Delta 6)Le Macintosh maître d'oeuvre pour le développement du CD-I 7)Pressage industriel ou en local 8)Les titres CD-I 9)Les coûts de fabrication d'un CD-I Conclusion Introduction Le CD-I est un nouveau support multimédia destiné à l'éducation, la formation et l'information. Développé à partir du disque compact classique de 12 cm, il intègre les techniques audio, vidéo, alphanumériques et graphiques en un même système. Son atout réside dans l'interactivité. D'une lecture passive tel un magnétoscope de technique analogique, l'on passe à une lecture interactive qui permet d'intervenir sur le mode de déroulement d'un programme. L'intérêt du CD-I est d'ordre international, un disque CD-I fabriqué aux USA peut être lu sur un lecteur du monde entier, fini les problèmes de standard ou de compatibilité. Le CD-I s'impose comme un standard et les fabricants de produits bruns (hi-fi, TV, vidéo) suivront le même chemin que la firme Néerlandaise. Connecté à un téléviseur via une prise péritélévision, le CD-I devient pour le grand public un compromis idéal entre l'ordinateur familial et le magnétoscope de salon. 1)La stratégie CD-I de Philips L'arrivée des lecteurs, s'accompagne d'une grande offensive marketing reposant sur l'édition de titre et d'importants investissements en matière d'édition et beaucoup d'alliance pour la coédition. D'une stratégie dite horizontale, comme par exemple Sony contrôlant de A jusqu'à Z la fabrication et la production de produits audiovisuels grâce à ses filiales à travers le monde, Philips propose une stratégie verticale en incitant les sociétés indépendantes à développer des unités de production et en renforçant une image de savoir faire pour imposer le nouveau standard CD-I. Par ailleurs, la logique veut que si les titres sont attrayants et distractifs la vente des lecteurs s'en fera aussitôt ressentir. L'assistance de Philips pour les sociétés indépendantes qui se sont lancées dans le développement de titres s'effectue dans les services d'édition, de distribution et d'aide à la créativité, et dans la possibilité d'accès aux installations de Philips. Parmi ces sociétés, on trouve notamment : Reader's Digest, Britanica Software, Compton' Encyclopédia, Brotherbund, Sierra On Line, Rand Mc Nally, Merriam Webster, Ripley's believe or not, l'éditeur Allemand Bertelsmann, la RAI et pour la France : TF1, Infogrammes, Gallimard, Nathan, Hatier, le club Méditérannée, Hachette. Une politique à l'interne Les titres ne doivent pas se concentrer uniquement sur un seul domaine. Philips a organisé la production de titres à l'interne et en plusieurs unités de production (Philips Artspace, Philips Game Group, Philips Infovision, Philips Interactive Studio, Philips Music Work, Philips Side Walk Studio et Philips POV) Egalement soucieux de contribuer à la baisse des coûts de développement de programmes (actuellement de 300 000 à 500 000 $) par titres suivant sa nature, Philips s'est associé à Microware pour créer la société Américaine Optimage. Son rôle est de proposer des outils matériels et logiciels facilitant la réalisation d'applications. Internationnal Creative Digital Image International CDI (en abrégé intl'CDI) a été fondée en juin 90 avec un capital réparti entre Philips Industrial Activities (25%), Littel Big One (25%), Cockrill Sambre (12,5%) et la SWRI (Société Régionale d'Investissement de Walonie 2,5%). Cette société implantée à Charleroi, s'affirme en tant qu'assemblier à vocation internationale dans le domaine de la conception de la production et de la commercialisation de programmes audiovisuels sur CD-I. "Débauche !" Point noir, tout de même pour la société Néerlandaise, le départ de Gaston Bastiens au sein du groupe en juin 92. Il était à la base du lancement du CD-I chez Philips. Il a rejoint l'équipe d'Apple pour développer des produits multimédia destinés aussi au grand public. Les disques CD-I Les disques d'une taille de 12 cm de large ont la même apparence que le cd audio classique d'une capacité mémoire maximale de 650 Mo. Il peut emmagasiner : 250 000 pages texte : 7000 images en mode dégradé : 19 heures de son mono. : trois qualités de son, FM, HIFI, CD-AUDIO. Bien sûr un CD-I peut contenir 72 minutes de son de qualité CD-DA, mais dans ce cas la capacité mémoire est exploitée à 100% et ne laisse donc aucune place à du texte ou à des images. En fait on peut utiliser lors de la conception trois niveaux de son de qualités différentes : 72 minutes de vidéo plein écran avec son (full motion video). Le Full Motion Vidéo (FMV) Dès le début 93, le système de décompression d'images répondant aux recommandations du groupe MPEG (motion picture expert group) sera intégré aux lecteurs CD-I. Le MPEG est une norme mise au point par le CCETT, il permettra alors d'obtenir 25 images par seconde sur un plein écran, avec du son stéreo; la qualité sera comparable à du S-VHS (Super -VHS). Fabriqué par la société C-CUBE le processeur décodeur MPEG CL405I à architecture RISC regroupe sur un seul composant tous les circuits de décompression en temps réel de la vidéo à la norme MPEG 1. En vidéo le CD-I offre 3 qualités de résolution : - la résolution normale : 384 par 280 pixels en PAL ,c'est elle la plus utilisée en CD-I. - La double résolution : 768 par 280 pixels PAL. - La haute résolution : 768 par 560 PAL. 3) Des contraintes sur l'édition Sur tous les CD, l'information est organisée en pistes et en secteurs. Sur le CD-I, une piste est composée de plusieurs pistes similaires mais pas identiques à celles spécifiées sur un CD-ROM. Elles renferment individuellement des données de plusieurs natures (audio, vidéo, informatiques). Ces secteurs sont lus au rythme de 75 par seconde. Chacun des secteurs ne peut contenir qu'un seul type de données. Si par exemple au cours d'une seconde, les 15 secteurs disponibles contiennent du son, aucune modification de l'image ne sera possible pendant ce laps de temps. Or le CD-I doit reproduire simultanément les données audiovisuelles et les données de pure interactivité. Ces dernières sont fournies par le programme de contrôle (CD-RTOS) qui fait que le disque et le lecteur répondent aux instructions de l'utilisateur. A l'éditeur de savoir moduler et équilibrer de manière la plus efficace et économique l'espace disque dont il dispose en fonction de l'aspect de son programme qu'il souhaite privilégier : soit la qualité et la richesse du son , soit celles de l'image, soit la richesse du logiciel d'interrogation. Et plus les niveaux sont élevés, plus l'espace mémoire occupé sur le disque est important. D'où les compromis... 4) La technique des lecteurs Les spécifications fonctionnelles du CD-I sont réunies dans le "Green Book" celles du CD audio dans le "Red Book" celles du CD ROM dans le "Yellow Book". Philips lance sur le marché trois types de modèle CD-I. Le premier est un lecteur CDI 220. Il pourra non seulement lire des disques CD-I mais sera aussi lecteur de cd audio, il décode les informations issues d'un CD-DA (compact disk digital audio), et CD photo et permettra de profiter des applications de jeux video Nintendo. Il s'intègre dans la gamme des produits Matchline de Philips, qui rassemble des produits audio et vidéo haut de gamme. Le deuxième modèle le CDI 205 est lui d'entrée de gamme. Quant au troisième, il s'agit du CDI 360, un lecteur portable muni d'un écran à cristaux liquides de 6 pouces pleine résolution qui pourra lui aussi se raccorder à un téléviseur ou à un moniteur, et à une chaîne HI-FI. Ces lecteurs pourront être équipés ultérieurement de la cartouche FMV, (full motion vidéo) qui permettra de lire des titres exploitant l'animation vidéo plein écran. Le CDI 220 et 205 seront destinés au marché grand public, alors que le 360 sera porté vers des applications professionnelles. Par ailleurs, il existe un autre lecteur CD-I, il s'agit d'un lecteur professionnel appelé CD-I 602, par rapport aux autres modèles, il possède de nombreuses sorties de périphériques. A l'appuie de la stratégie grand public de Philips, les modèles 220 et 205 devraient être commercialisés autour de 6000 francs. Pour chacun de ces lecteurs la technologie employée reste la même, un coprocesseur Motorola 68070 de Signétics cadencé à 10MHZ, un système d'exploitation au nom de CD-RTOS (Compact Disk-Real Time Operating Système) mis au point par la société Américaine Microware System Corporation. Dérivé d'UNIX il est multitâche, condition indispensable pour décoder et exploiter en temps réel des données, tels que le son, l'image et le texte contenus sur le disque. Les données sont organisées de façon à être coordonnées sur la présentation finale à l'écran. Il travaille à partir du logiciel de contrôle propre à chaque disque et chargé en RAM (mémoire vive) intégralement au début du programme ou par parties. Pour résumé, le CD-RTOS est un "contrôleur multimédia" qui prépare la synchronisation des éléments d'informations. 5) Les outils de developpement d'un titre CD-I Interactive Delta Certains outils sont disponibles pour développer des applications. Ainsi chez Interactive Support Group (ISG) représenté en France par Interactive Delta, un système auteur a été développé en trois versions : Macintosh, PC, et station Sun. CDiTools comprend quatre éléments : - CDI Emulation Card, carte pour émuler le comportement d'un lecteur de CD-I sur un disque dur. - CDI Disc Builder and Emulator, pour concevoir et mettre au point les images. - CD-I Image Processing pour convertir les images RVB au format CD-I. - CD-I Sound Processing pour le traitement du son. Une fois le programme mis au point le contenu du disque dur est expédié au pressage dans les usines qui sont les mêmes que pour le CD-DA ou le CD-ROM. ISG a pourtant simplifié le problème du "Mastering" au travers d'un outil, le MACpds Tools. Ce dernier réunit tous les éléments indispensables pour presser un CD-I à domicile, il s'intègre avec l'appareil de pressage Yamaha. Philips De son coté, Philips propose Author. C'est un logiciel pour programmeurs C, des versions pour PS/2 (PC) et station News de Sony sont en cours de préparation. CD-I Navigator est également réservé à la conception de titres pour des non informaticiens. Il se présente sous la forme d'un environnement graphique où l'utilisateur choisit les périodes de temps de l'affichage, de l'image et leur enchevêtrement. Fonctionnant sur PC, une version Mac est cependant prévue. Enfin CD-I Designer réunit des outils de création avec des applications prépréparées, des utilitaires d'organisation des images, des développements de programmes gérés par des menus déroulants et des possibilités de traitement automatique important. 6) Le Macintosh maitre d'oeuvre pour le développement du CD-I Pourquoi faire appel à un micro-ordinateur d'Apple pour concevoir un CD-I ? La raison est d'ordre essentiellement technique. Les lecteurs CD-I sont composés de 3 parties distintes : le MMC (multi média controller) véritable petit micro-ordinateur qui gère les informations et les modules d'extension renfermant des interfaces pour des périphériques. Le CD-I 182 est également équipé de deux lecteurs de disquettes de 3,5 pouces, d'interfaces SCSI, imprimante, disque dur, MIDI, et peut en plus supporter des cartes d'extensions mémoire vive et SCSI supplémentaires. Deux méthodes sont actuellement exploitées pour relier un disque dur à un CD-I. La première consiste à le connecter à la sortie SCSI du module d'extension afin de venir chercher les données à partir du contrôleur MMC. S'y il est possible de travailler ainsi, l'inconvénient est qu'il ne s'agit pas d'une véritable simulation du disque optique. Le CD-I est utilisé comme un ordinateur ordinaire sans que ne soient exploitées les spécifications temps réel récupérables au travers d'une liaison SCSI. Cette solution est en fait dédiée uniquement à la réalisation de petits programmes ou de test d'effets vidéo qui ne nécessitent pas de temps réel. Pour obtenir une véritable simulation d'un disque optique, il faut que les données du disque dur passent par les liaisons RS, DO et Clock. L'idée consiste donc à débrancher les 3 fils émanant du MMC et de les relier au Mac au travers d'une carte d'extension. Le disque dur est de son côté connecté à l'interface SCSI du micro d'Apple, cette carte est développée par la société Interactive Support Group, elle transforme les données émises par le MMC compréhensibles et accédant à la liaison SCSI, vers le disque dur. Ce dernier renferme jusqu'à 600 Mo de données placées de façon séquentielle à l'image des informations contenues sur un disque optique. Cette carte, CD Emulation board, émule n'importe quel type de CD respectant les spécifications contenues dans le "RED BOOK". Elle est accompagnée de 3 logiciels : Player, programme d'émulation qui permet de piloter et de simuler le CD sur le micro, Disc Builder (DB)et Compact Disc Langage (CDL).CDL est un puissant langage prévu pour la conception de fichier temps réel en quelque lignes avec une syntaxe se rapprochant du Basic. il accepte des variables, de structures de contrôle de haut niveau, la génération automatique de labels etc etc. A partir de ces fichiers, le disque est construit grâce au DB, c'est un programme qui utilise un jeu d'outils pour la conception et la mise au point d'images CD-I. Deux autres logiciels qui ne sont directement pas liés au fonctionnement de la carte : - Video Convert, transforme des images du monde extérieur ou intérieur du monde Mac, au format PICT, Vista, Targa...au format CD-I et inversement. - ADPCM Converter convertit les fichiers sons de format PCM au format ADPCM de niveau A, B, ou C et inversement également. 7) Pressage industriel ou en local Une fois obtenue l'image disque, l'obtention d'un véritable CD-I peut intervenir. Les données sont expédiées chez Philips qui récupère les informations, les monte sur son réseau informatique et les expédie vers son système de pressage. Pour moins de dix disques, Interactive Delta dispose d'une nouvelle carte enfichée dans le Mac réliée à une machine de pressage Yamaha, le PDS. Le prix de revient d'une telle opération est de 5000 francs par disque. Au-delà de 10 unités, il faut passer au stade industriel. 8) Les titres CD-I Pour l'instant, une vingtaine de disques sont disponibles sur le marché grand public, mais Intl'CDI s'intéresse surtout au marché institutionnel et à celui de la communication professionnelle. Nous verrons par la suite les coûts de production d'un support CD-I. Parmi les titres grand public : - 8 titres sont consacrés à l'éducation et à la jeunesse "Tom le maximagier", "l'atelier de dessin"... - 2 à la culture, "les trésors du Smithsonian Muséum", "Van Gogh" - 2 aux loisirs, "les oiseaux", "apprendre la photographie en 24/36" par Times Life. - 7 pour les jeux, "Open de Golf","Pinball", "Sargon Chess"... - 4 pour la musique, "Classical Juke Box", "Armstrong"... La plupart viennent d'Outre Atlantique, un seul est Français et réalisé par la société Opus Spécies, il s'agit de "Quel est donc cet oiseau ?" (encyclopédie des oiseaux d'Europe). La régie Renault a elle aussi oeuvré pour le CD-I, pour lancé un projet nommé "EDIRIS" comprenant 4 disques destiné a l'apprentissage des mécaniciens. Les sujets portent sur la mise au point des moteurs, la détection des pannes, la carburation, et l'allumage. l'information est proposé en sept langues sur le même disque : des disques identiques sont ainsi distribués dans les stations services du monde entier. Peugeot a choisi le CD-I pour promouvoir le lancement de la 605, sur certains point de vente, l'éventuel acheteur peut ainsi découvrir certaines caractéristiques comme le design et l'aménagement intérieur. 9) Les coûts de fabrication d'un CD-I Le budget de départ des "oiseaux", était de 2 millions de francs. En fait, il a coûté plus cher comme tous les nouveaux produits. On estime que le budget moyen d'un CD-I est de 1,5 million de francs, ce qui est bon marché face à une production audiovisuelle. Selon Claude Lemmel, responsable d'Opus Spécies deux types de productions vont apparaîtrent. Le premier sera destiné à la création de produits à vocation très grand public, extrêmement coûteux et qui n'auront aucune raison de disposer de budgets inférieurs à ceux des films. Le second sera axé vers la réalisation de produits très bon marché, par exemple des guides touristiques ou de bricolage, dans lesquels les procédures informatiques seront bien rodées. Conclusion Lancé sur le marché américain depuis octobre 91, sa sortie en Europe est prévue fin septembre 92. Sans nul doute, si les années 80 ont fait le succès du magnétoscope analogique, puis la réussite du compact disc audio, les années 90 seront celles du CD-I, car si Philips c'est déjà demain, Sony le créateur le fera, car le public en rêve. Le CD-I trouve ses racines dans le zapping, maladie des téléspectateurs en manque de programmes attractifs, le remède miracle c'est l'interactivité qui valorise la recherche d'information et permet une lecture ouverte de documents audiovisuels. Le téléspectateur fait lui-même sa propre télévision. Compromis entre le livre, l'audiovisuel, et l'informatique, le CD-I devrait s'implanter rapidement dans les foyers européens jeunes à fort pouvoir d'achat. Les titres restent la condition majeure pour un développement croissant mais tout semble avoir été fait pour que soit mis en place un catalogue déjà riche et varié. Philips mise gros avec ce nouveau produit, on parle en effet de 200 millions d'investissement, mais le CD-I c'est le format d'édition de demain. Les Japonais sont eux aussi dans la course, car dans les mois à venir, Sony doit également sortir son lecteur CD-I. Mais septique, la firme multinationnale vise le marché professionnel, car les applications CD-I représentent un investissement lourd. De plus, le grand décollage du CD-I n'interviendra que lorsque le "Full motion video"sera intégré à tous les lecteurs. Pour l'instant, Sony porte tous ses efforts sur le DATA DISCMAN. Sanyo et Kyocera suivent de très près le nouveau marché qui s'annonce et propose des lecteurs CD-I mais qui ne sont pas encore mis en vente au Japon. Tous deux ne voient le développement des applications que comme la clé de la progression du marché. En France, il n' y a pas de constructeur qui semble vouloir se lancer dans la fabrication de CD-I. Peu d'éditeur à ma connaissance sont présents, exepté Opus Spécies, l'ensemble des applications professionnelles restent le domaine d'une filiale appellé Philips Interactive Media System France basée à Suresnes dans les Hauts de Seine. |