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CULTURE

METROPOLIS
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Metropolis est un film expressionniste allemand de science-fiction produit pendant la courte période de la République de Weimar. Réalisé en 1927 par le cinéaste autrichien Fritz Lang, le film est muet et en noir et blanc. Le scénario est écrit par Lang et sa femme, Thea von Harbou, avec comme acteurs Brigitte Helm, Gustav Fröhlich, Alfred Abel et Rudolf Klein-Rogge. Le film est produit aux Studios Babelsberg par UFA (Universum-Film AG).

Synopsis

Le film se décompose en trois actes, Auftakt (commencement) (66 min.), Zwischenspiel (interlude) (28 min.) et Furioso (52 min.).

En 2026, Metropolis est une mégapole dans une société dystopique divisée en une ville haute, où vivent les familles intellectuelles dirigeantes, dans l'oisiveté, le luxe et le divertissement, et une ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante.

Maria (Brigitte Helm), une femme de la ville basse, essaie de promouvoir l'entente entre les classes, et emmène clandestinement des enfants d'ouvriers visiter la ville haute ; le groupe se fait repousser par les forces de l'ordre, mais Freder Fredersen (Gustav Fröhlich), le fils du dirigeant de Metropolis, tombe amoureux d'elle. En descendant dans la ville basse pour la retrouver, il voit un ouvrier épuisé défaillir à son poste de travail, le rythme imposé par les machines étant trop élevé, une violente explosion se produit sur la « machine M », tuant des dizaines de travailleurs. Dans la fumée, Freder voit la machine M se transformer en Moloch, une divinité monstrueuse à laquelle les travailleurs infortunés sont sacrifiés.

Freder se rend chez son père, Johhan « Joh » Fredersen (Alfred Abel), pour le mettre au courant des conditions extrêmement pénibles dans lesquelles travaillent les ouvriers et lui demande d'améliorer cela. Voyant qu'il ne peut convaincre son fils des bienfaits de cette société ségrégative, Johhan le fait suivre par un espion.

Freder retourne dans la ville basse où, voyant un ouvrier au bord de l'épuisement, il persuade celui-ci d'échanger leurs vêtements et de le remplacer à la machine, tandis que l'ouvrier, Georgy, matricule 11811, monte à la ville haute où il goûtera aux plaisirs de la vie. Après une pénible journée de travail, Freder se rend dans des catacombes à une réunion secrète en suivant un plan trouvé dans une poche des vêtements de l'ouvrier qu'il a remplacé. Là, il découvre Maria en train de s'adresser aux ouvriers et d'annoncer l'arrivée d'un médiateur qui apportera l'égalité entre les habitants des villes haute et basse.

Entre-temps, Joh reçoit des plans trouvés dans les poches d'ouvriers morts au travail et se rend chez Rotwang, l'inventeur du monstre mécanique qui fait fonctionner toute la ville. Celui-ci lui indique qu'il s'agit du plan qui mène aux catacombes où se tient la réunion secrète. Joh épie la réunion sans reconnaître son fils parmi la foule. Craignant la menace, Joh ordonne à Rotwang de façonner un robot à l'image de Maria afin de semer le chaos parmi les ouvriers. Mais ce que Joh ignore, c'est que Rotwang a d'autres plans…

  • Metropolis

Fiche technique

  • Titre : Metropolis
  • Réalisation : Fritz Lang
  • Scénario : Fritz Lang et Thea von Harbou, adapté du roman Metropolis de Thea von Harbou
  • Costumes : Aenne Willkomm (de)
  • Département artistique : Otto Hunte, Erich Kettelhut, Walter Schultze-Mittendor, Karl Vollbrecht, Edgar G. Ulmer
  • Décors : Willy Muller
  • Effets spéciaux : Ernst Kunstmann, Konstantin Irmen-Tschet (en), Erich Kettelhut
  • Consultant technique : Erich Kettelhut
  • Photographie : Karl Freund et Günther Rittau
  • Musique : Gottfried Huppertz
  • Production : Erich Pommer pour UFA (Universum-Film AG), Berlin
  • Pays d'origine : Allemagne
  • Langue : Film muet - allemand (cartons)
  • Format : noir et blanc - muet - 1,33:1 - 35mm
  • Genre : science-fiction / fantastique
  • Courant : expressionnisme allemand
  • Durée : 145 minutes (version restaurée en 2010)
  • Longueur : 4189m raccourci à 3241m en août 1927
  • Dates de sortie :
    • Allemagne : 10 janvier 1927 (première au Ufa-Palast am Zoo de Berlin)
    • France : 6 février 1927
    • États-Unis : 6 mars 1927 (New York), 13 mars 1927 (sortie nationale)
    • Date de reprise :
    • France : 19 octobre 2011 (version restaurée de 2010)
  • Effets spéciaux
    • Prise de vue spéciales : Konstantin Tschetwerikoff
    • Peintures : Erich Kettelhut
    • Sculpture : Walter Schultze-Mittendor
    • Effets combinés : Eugen Schüfftan
    • Trucages photos : Günther Rittau
    • Assistant trucages photos : H.O. Schulze

Distribution

  • Alfred Abel : Joh Fredersen, le maître de Metropolis
  • Brigitte Helm : Maria / l'androïde
  • Gustav Fröhlich : Freder, le fils de Joh Fredersen
  • Rudolf Klein-Rogge : Rotwang, l'inventeur
  • Theodor Loos : Josaphat, le bras droit de Joh Fredersen / Joseph
  • Fritz Rasp : le grand échalas
  • Erwin Biswanger : Georgy, n°11811
  • Heinrich George : Grot, le contremaître, gardien de la machine centrale
  • Hanns Leo Reich : Marinus
  • Grete Berger, Olly Boeheim, Ellen Frey, Lisa Gray, Rosa Liechtenstein et Helene Weigel : des travailleuses
  • Heinrich Gotho : le maître de cérémonie (non crédité)
  • Le générique cite également :
  • Les gens créatifs
  • Les hommes machines
  • La Mort
  • Les sept péchés capitaux

  • Metropolis
  • Fascination des lumières de la ville


  • Metropolis
  • Tous prostrés devant un monde chimérique

Production

Tournage : une superproduction

Le tournage de Metropolis commence le 22 mai 1925. Le casting a sélectionné nombre de personnes inconnues n'ayant aucune expérience du cinéma, comme Brigitte Helm, âgée de dix-neuf ans au moment du tournage.

Le tournage du film a été une expérience très éprouvante pour les acteurs en raison des demandes formulées par le réalisateur Fritz Lang. Pour la scène où la ville des travailleurs est inondée, Helm et cinq cents enfants provenant des quartiers les plus pauvres de Berlin ont dû travailler durant quatorze jours dans une piscine d'eau que Lang a intentionnellement maintenue à une température basse.

Lang exige souvent de retourner la même scène à de multiples reprises. Par exemple, le tournage de la scène où Freder doit s'effondrer aux pieds de Maria a pris trois jours. Lang a exigé de la tourner tellement de fois qu'à la fin, Gustav Fröhlich tenait à peine debout. Autres anecdotes qui démontrent du sens du réalisme de Lang, pour la scène où Maria brûle sur un bûcher, Lang ordonne d'allumer un réel brasier (d'ailleurs la robe de Helm prend feu) ou encore quand il ordonne à ses assistants de jeter de puissants jets d'eau lors du tournage de l'inondation de la ville des travailleurs.

  • Environ cinq millions de Reichsmark, soit quinze millions de francs (valeur en francs 1926), furent nécessaires pour réaliser Metropolis.
  • Environ 620 kilomètres de pellicule furent utilisés.
  • 350 heures d'enregistrements
  • Une cinquantaine d'automobiles
  • 25 000 hommes
  • 11 000 femmes
  • 500 enfants

  • Metropolis
  • Cadences infernales

Le tournage se termine le 30 octobre 1926, soit un total de 310 jours et 60 nuits.

Effets spéciaux

L'expert des effets spéciaux de l'époque, Eugen Schüfftan, véritable pionnier, crée des effets visuels inédits pour Metropolis. Parmi les effets utilisés, il réalise des miniatures de la ville, un appareil photo sur une balançoire et utilise plus particulièrement l'effet Schüfftan. Pour ce dernier, il utilise des miroirs inclinés pour créer l'illusion que les acteurs occupent des décors géants. Cette invention sera utilisée deux ans plus tard par Alfred Hitchcock dans Chantage sorti en 1929.

Le Maschinenmensch, le robot construit par Rotwang pour ressusciter l'amour perdu de Joh, a été créé par le sculpteur Walter Schulze-Mittendorff. Un moulage en plâtre a été pris sur le corps de l'actrice Brigitte Helm et le costume a ensuite été fabriqué à partir du moulage. Une découverte fortuite d'un matériel appelé « bois plastique » (une substance malléable ayant l'aspect du bois qui sert de remplissage) a permis à Schulze-Mittendorff de construire un costume en métal avec les articulations en « bois plastique ». Malgré cette innovation, Helm se plaint d'être mal à l’aise, car le costume est trop rigide et lui donne des ecchymoses.
  • Metropolis

Fidèle Munichoise dans le tube prètes à toutes les cascades

Bande originale

La musique de Metropolis a été composée par Gottfried Huppertz et a été conçue pour être exécutée par un orchestre symphonique en accompagnement du film. Huppertz s'est inspiré de Richard Wagner et Richard Strauss, ainsi que de quelques symphonies dites « modernistes », pour décrire la ville des travailleurs. Il utilise aussi le célèbre motif grégorien du Dies iræ (à l'origine chanté au cours de l'office des morts) pour illustrer certaines scènes faisant intervenir La Mort. Huppertz cite d'abord les deux premiers vers de la première strophe de cette séquence liturgique, puis, avant la fin du second, s'en éloigne un peu et les développe, à l'orchestre. Il les reprendra de différentes manières plus loin. Il fait entendre également, toujours à l'orchestre, le troisième vers (« Coget omnes ante thronum ») de la troisième strophe Tuba mirum (ce « Coget omnes » est proche du troisième vers de la première strophe, seule diffère la montée plus importante du début). Plus tard, Huppertz citera également l'hymne national français, La Marseillaise. Sa musique a joué un rôle de premier plan durant le tournage du film, puisque durant le déroulement de nombreuses scènes, le compositeur accompagnait en direct au piano pour obtenir un certain effet sonore en fonction du scénario et du jeu des acteurs.

La bande-son a été réenregistrée pour la réédition du film en DVD en 2001 par l'orchestre Rundfunksinfonieorchester Saarbrücken mené par Berndt Heller. Cette version correspond à la version musicale reconstruite prévue à l'origine. En 2007, le 1er et 2 août, la partition du film original est jouée en direct par l'Orchestre symphonique de la Radio VCS qui accompagne la version restaurée du film dans les cinémas Brenden à Vacaville, en Californie. La bande-son est également enregistrée dans une orchestration en salle pour la première fois aux États-Unis en août 2007 par l'orchestre Bijou sous la direction de Leo Najar dans le cadre d'un festival du film expressionniste allemand à Bay City dans le Michigan. Un enregistrement est aussi effectué dans le cadre du Traverse City Film Festival à Traverse City dans le Michigan, en août 2009.

Pour le réenregistrement de 2010, qui correspond le plus à la version d'origine, la bande-son est enregistrée pour la sortie en DVD par l'Orchestre symphonique de la Radio de Berlin dirigé par Frank Strobel, qui a également réalisé la première de la version reconstruite par le Berlin Friedrichstadtpalast.
  • Metropolis

7ème art ? Anticipation ? ou propagande ?

Autres bandes-son

Nonobstant la musique originale de Gottfried Huppertz, de nombreux artistes ont voulu donner leur propre vision musicale de Metropolis. Ces bandes originales alternatives peuvent être jouées live ou enregistrées et diffusées avec une édition spéciale du film :

  • 1975 : La version de la BBC de Metropolis est accompagnée par un enregistrement électronique composée par William Fitzwater et Hugh Davies.
  • 1984 : Giorgio Moroder restaure et produit une nouvelle version de 80 minutes avec une bande-son écrite par lui dans un style rock new wave et enregistré avec Moroder, Pat Benatar, Bonnie Tyler, Jon Anderson, Adam Ant, Cycle V, Loverboy, Billy Squier (en) et Freddie Mercury.
  • 1993 : Martin Matalon (compositeur argentin) dans un style musique électroacoustique, (pour 16 instrumentistes) une commande de l'IRCAM pour la version restaurée de Metropolis, créée en concert au théâtre du Châtelet fin mai 1995, dans le cadre du centenaire du cinéma.
  • 1995: Galeshka Moravioff réédition salles en 35 mm, ainsi que présentation au FFM à Montréal en 1996.
  • 1996 : Loïc Pierre.
  • 1998 : Peter Osborne.
  • 2000 : Kevin Saunders Hayes.
  • 2000 : Jeff Mills dans un style musique techno.
  • 2002 : Art Zoyd dans un style free jazz/musique électronique.
  • 2004 : Abel Korzeniowski.
  • 2004 : Ronnie Cramer enregistre la bande-son et les effets sonores pour Metropolis qui gagne deux récompenses Aurora.
  • 2012 : Alexandre Gosse live au piano le 6 janvier 2012.
  • 2012 : Actuel Remix / ARFI remix electro (Hawtin Xenakis) 18 janvier 2012 Institut lumière à Lyon.
  • 2012 : Christian Paboeuf, première au cinéma d'Auray (Morbihan) le 28 septembre 2012 (organisation Association Garatoi).
  • 2012 : Jean-Paul Raffit, compositions originales interprétées par l'Orchestre de chambre d'Hôte, ciné-concert au casino de Lavelanet et au festivaL Image de Ville d'Aix-en-Provence.
  • Metropolis
  • Est-ce que la police tue ?

Carrière

La carrière du film subit de nombreux aléas.

Thea von Harbou, la femme de Fritz Lang et coscénariste, était déjà proche des nazis et influença le scénario, notamment en l'orientant davantage vers une « collaboration de classes » (fasciste) plutôt que vers une « lutte des classes » (marxiste). Le film subit ensuite censures et amputations diverses, selon les pays. En 1984, lorsque le compositeur Giorgio Moroder entreprit de le coloriser, il ne restait que 80 minutes de bobines (1 h 20) sur les 153 initiales (2 h 33). De plus, il l'accompagna d'une nouvelle bande-son à laquelle participèrent des groupes célèbres comme Queen (le clip de Radio Ga Ga, célèbre tube de ce groupe, est d'ailleurs articulé autour de nombreuses séquences tirées du film) ou Adam and the Ants.

Restauration

Un gros travail de recherche et de reconstitution fut lancé à la fin des années 1980, rassemblant les diverses versions disponibles (dont certaines retrouvées dans des collections privées) et aboutissant à une version rénovée par la cinémathèque de Munich, en noir et blanc, de 1h58 minutes, avec une nouvelle orchestration classique, qui fut projetée en 1995, pour les cent ans du cinéma. Pour remplacer les scènes manquantes, avaient été ajoutées quelques photographies de tournage, recadrées.

À la suite d'une nouvelle restauration du film en 2001, initiée par la Fondation Friedrich Wilhelm Murnau (Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung), Metropolis fut le premier film inscrit sur le Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO.

Enfin, à l'issue d'une longue enquête d'une vingtaine d'années9 le 3 juillet 2008, la fondation Murnau, propriétaire des droits du film, annonce que la quasi-totalité des scènes manquantes, soit environ 25 minutes, ont été retrouvées au Musée du cinéma de Buenos Aires. Il s'agit d'une copie en 16mm presque intégrale de 145 minutes. Cette copie dont les images sont très altérées tronque une partie du cadrage original, mais restitue les plans coupés et l'ordre des séquences dans leur montage d'origine. Le 12 février 2010, la nouvelle version restaurée, de 145 minutes, a été projetée simultanément à Berlin dans le cadre de la 60e Berlinale, à l'ancien Opéra de Francfort et sur la chaîne Arte, accompagnée par sa partition musicale d'origine écrite en 1926 par Gottfried Huppertz, exécutée en direct par l'orchestre symphonique de la Radio de Berlin. Après plus de 80 ans de recherches, versions tronquées et plusieurs restaurations, on peut enfin voir une version quasi intégrale, en tout cas proche de celle conçue par Fritz Lang en 1927.

Muet, Metropolis est avant tout un film musical dont les images sont une véritable visualisation des sons. La restauration du film a été effectuée non seulement grâce aux indications de montage, mais aussi, surtout et directement grâce à la partition musicale qui a permis de retrouver le tempo de la vision initiale de Fritz Lang.


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